ECONOMIE DE CRISE

Publié le par Blogmasters MoDem 28

 

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J’ai lu ce week-end le bouquin de ROUBINI et MIHM, ECONOMIE DE CRISE.

 

Il mérite qu’on le lise, notamment par la personnalité de Nouriel ROUBINI, alias Mr. DOOM, l’économiste qui avait décrit avec presque deux ans d’avance la crise de 2008. On est en droit de penser qu’il comprend un peu mieux que des tas de commentateurs béats le monde mystérieux de la finance de casino.

 

Sans doute la limite de son analyse est qu’elle se cantonne à la macro-économie financière en négligeant totalement ce qu’on appelle l’économie réelle. Il est vrai que ce qui nous fout dans la merde aujourd’hui, c’est la finance, même si on peut penser que la cause plus générale de nos difficultés provient d’un basculement du centre économique du monde de l’Occident vers l’Asie, des USA vers la Chine. Ainsi que d’une crise « écologique », c’est-à-dire l’impossibilité de faire vivre deux milliards d'humains des classes moyennes émergentes comme les nababs occidentaux que nous sommes.

 

Avec son acolyte, MIHM, professeur d’histoire économique, ROUBINI resitue la crise actuelle parmi toutes les crises précédentes, depuis le XVIII° siècle. Il la compare en particulier avec la grande Dépression des années 30, où de mauvaises réactions macro-économiques ont conduit à aggraver les difficultés provoquées par l’effondrement de la bourse new yorkaise.

 

Les enseignements de 1929 ont été tirés, et sans doute devons-nous être reconnaissants au G 20 et aux autorités monétaires d’avoir, au prix de plusieurs milliers de milliards (!) de dollars et d’euros, préservé le système bancaire mondial. Sinon, nous serions aujourd’hui au fond du gouffre. Genre : je vais au magasin avec ma carte bleue ou mon chéquier et que pouic… Retour au troc et aux soupes populaires… 50 % de chômeurs, 90 % de fauchés…

 

Reste que les subprimes n’ont été qu’un détonateur et que les causes de la crise étaient bien plus profondes que ce qu’on croit : ce n’est pas la faute des américains pauvres si le système a craqué !

 

Lorsque le bouquin a été écrit, au début de l’année, les USA n’avaient pas encore adopté leur grande réforme financière (elle n’a été définitivement votée que le 15 juillet et sa mise en œuvre sera lente). ROUBINI et MIHM proposent des mesures drastiques sur la régulation des banques et organismes assimilés, des agences de notation etc. Et cela, dans le but de prévenir le retour des folies qui ont provoqué la crise.

 

On a filé un gros shoot aux camés de la finance ; ils ne sont plus en manque, mais il faut traiter leur toxicomanie. Et surtout, l’usage des drogues a bousillé un organisme, qu’il faut maintenant soigner. 

 

Il s’agit, sur le long terme :

 

-          de prévenir les risques systémiques, c’est-à-dire la propagation des crises à l’ensemble du monde et des secteurs économiques,

-          d’empêcher la constitution et le maintien des « too big to fail », c’est-à-dire des brontosaures qui entraînent tout le monde avec eux dans le néant s’ils font faillite,

-          limiter les activités spéculatives des banques,

-          etc.

 

La mise en œuvre de la réforme OBAMA prendra du temps ; elle est sans doute incomplète, en raison des concessions qu’il a dû faire pour en faire adopter l’essentiel par des élus américains sous pression des lobbystes.

 

Sur le court terme, il ne faut pas croire à la guérison.

 

D’abord, « l’aléa moral » est devenu plus grand. Autrement dit, comme l’urgence n’a pas permis de sanctionner les fauteurs de la crise (les « too big to fail »), il faut craindre qu’ils prennent à nouveau des risques excessifs, assurés qu’ils sont que le contribuable mettrait encore la main à la poche en cas de pépin. La remontée débile et spectaculaire des bourses, à partir d’avril 2009, me semble d’ailleurs un bon symptôme du niveau de connerie persistante de nos amis traders…

 

Ensuite, les colossales masses de pognon mobilisées pour sauver le monde existent maintenant sous forme de dettes publiques. Un truc jamais vu dans l’histoire économique.

 

En bon français né pendant les 30 glorieuses, comme Jacques MARSEILLE, par exemple, je pensais qu’un bon coup d’inflation permettrait d’éponger toutes ces dettes, en baisant doucement les créanciers. Paraît qu’on peut pas…

 

Je vous causerai des remèdes du docteur ROUBINI dans un prochain article.

 

Point trop n’en faut d’un coup.

 

Je vous conseille en tout cas son ouvrage, qui s’efforce de mettre, souvent avec humour, des notions et dispositifs complexes à la portée des honnêtes gens que nous sommes.

 

MANDARINE MECANIQUE

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M
<br /> <br /> Mais il y a quelques bonnes nouvelles! Témoin, ce titre du monde de ce jour: Amende record, taxe : Goldman Sachs voit son bénéfice chuter de 83 %. On peut lire l'article ici: http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2010/07/20/amende-record-taxe-goldman-sachs-voit-son-benefice-chuter-de-83_1390250_3234.html<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Et j'aime particulièrement quand Roubini dit ceci : "Il est vraiment temps de couper les vivres à UBS, Bank of America, Goldman Sachs ou JPMorgan Chase. Il faut les affamer. Car<br /> après avoir été à l’origine de l’incroyable endettement des Etats pour les sauver (on parle de 14 000 milliards de dollars), elles<br /> sont ressorties de la première étape de la crise plus grosses, plus puissantes qu’avant. Plus que jamais, elles savent bien qu’elles peuvent continuer à jouer au casino; s’il y a un couac, le<br /> politique reviendra une fois de plus à la rescousse."<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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